Le travail de Léonie Marion est révélateur de son ambivalence face à l’image photographique. Sa réticence à accepter les tropes du médium — l’enregistrement du réel, le document, l’affirmation d’un point de vue unique — l’amène à le pousser dans ses retranchements. Elle en tire des images ne livrant pas immédiatement leur sens, mais se révélant graduellement, à manière des procédés analogiques qu’elle privilégie. Ses recherches se veulent résolument exploratoires et expérimentales, laissant volontiers la place au raté, au hasard et à la sérendipité. L’incertitude s’avère nécessaire à son processus. Les œuvres produites requièrent ensuite fréquemment un temps de latence, avant que leur sens émerge lentement et qu’elles trouvent leur place dans le corpus multifacette de l’artiste.
Aucune image n’illustre cet aspect de son travail comme les photographies du merle réalisées lorsque Léonie Marion avait 11 ans. Lorsqu’elle ouvre l’appareil pour voir si l’oiseau apparaît déjà sur la pellicule, les entrées de lumière détériorent les images. Mais ce qui était alors une erreur à ne pas répéter devient, des années plus tard, le déclencheur de nouvelles manières d’envisager la photographie et son rapport au visible.
Ainsi, les polaroids ont été réalisés à l’aide de chimies périmées qui ne recouvrent plus toute la surface des l’image. Leurs formes abstraites évoquent des paysages de montagne fantomatiques, annonçant les bouleversements du territoire et les disparitions à venir. Les rectangles de gris et d’anthracite presque parfaitement uniformes, exposés au cœur de la nuit, conservent une trace de la pollution lumineuse. La qualité abstraite des images, à la limite de la représentation du réel, attire notre attention sur les processus de fabrication. En juxtaposant des images de natures différentes, fallacieusement simples mais aux strates multiples, l’artiste nous invite à des lectures croisées. Les schémas scientifiques légèrement désuets, qui les accompagnent, proposent de nouveaux parallèles. Les couches des films polaroid font visuellement écho au relief géographiques des terrains, et soulignent ensemble l’action de la lumière, sur le terrain comme sur la matière photosensible.
Les notions de trace et d’empreinte forment une articulation centrale de son travail, au cœur de ses recherches sur la représentation, les limites du médium photographique, mais aussi les mécanismes de la vision, et des manières dont notre esprit déduit et connecte entre eux les éléments dans une recherche constante de sens.
Danaé Panchaud
EXPOSITIONS PERSONNELLES (à venir)
- Centre de la Photographie Genève, 2024
EXPOSITIONS COLLECTIVES (sélection)
- Coups de coeur, IPFO-Haus der Fotografie, Olten, 2022
- Jours Bleus, graduation show, HEAD, Genève, 2021
- reGeneration4,Les enjeux de la photographie et de son musée pour demain, YUZMuseum, Shangai (CN), 2021, annulé pour censure
- reGeneration4, Les enjeux de la photographie et de son musée pour demain, Musée de l'Elysée, Lausanne, 2020
- Cantonale Berne Jura, Centre d'Art Kunsthaus Pasquart, Bienne, 2019-2020
- No'Photo, Bâtiment d'art Contemporain, Genève, 2017
- World of Echo, KMMN,Dokumenta 14, Kassel (DE), 2017
- Marge(s), LiveInYourHead, Genève, 2017
- The Minor's Moon, BANSKASTANICA CONTEMPORARY, Banska Stiavnica (SK), 2016
- Entre-les-Bois, HEAD Genève, 2016
- TRACING, ZhdKToni Areal, Zürich, 2015
NOMINATIONS/PRIX
- Bourse pour la réalisation d'un projet photographique à caractère documentaire, Ville de Genève, FMAC, 2022
- Sélection reGeneration 4, Musée de l'Elysée 2020
- Winner Life Framer ninth theme "Youthhood" 2019
COLLECTION
Photo Elysée
FORMATION
- Master of Fine Arts, HEAD-Genève, 2021
- Bachelor of Fine Arts, HEAD-Genève, 2017
- CFC de Photographe, Ecole d'Arts appliqués de Vevey, 2014
- Anthropologie sociale , Université de Fribourg, 2011-2012
ASSOCIATIONS
Membre de near. swiss association for contemporary photography
Membre visarte genève
Membre de Destination27, association de médiation culturelle
PRESSE
- Les quatre Suisses de reGeneration4, interview de Stéphane Gobbo, Le Temps
- Les photographes contemporains s'interrogent sur le monde, Le courrier
- La jeune photo au fil de regards féminins, interview et article de Bertrand Tappolet, Gauche Hebdo
- Penser les futurs photographiques, Guillaume Lasserre, Mediapart
- Léonie Rose Marion, effets de pans et plans d'ensemble, Jean-Pierre Gavard Perret
- Chroniques du dehors, avec le collectif LiMONADE, festival des arts vivants, Nyon
- Chroniques du dehors, le collectif LiMONADE pour une première au far°, Sarah Benninghof, Epic-Magazine
- À Nyon, le far° nous apprend à regarder l'environnement, Marie-Pierre Genecand, Le Temps
- far°, le festival qui incite son public à se muer en participant, Katia Berger, Tribune de Genève